UKRAINE : LES ÉTATS-UNIS ONT SECRèTEMENT FOURNI DES MISSILES à LONGUE PORTéE ATACMS à KIEV (ET ILS ONT DéJà FRAPPé FORT)

Sans piper mot et après des mois d'hésitations, Washington a fourni à Kiev les missiles ATACMS dotés de la plus longue portée. Et l'Ukraine les a immédiatement mis en action, semant ravages et chaos dans les rangs russes.

Tout est souvent une question de timing. Souvenons-nous : en septembre 2023, les États-Unis ont, après des mois d'atermoiements et pour la première fois, envoyé des missiles à longue portée MGM-140 ATACMS à Kiev. Washington offrait certes à l'Ukraine une redoutable nouvelle capacité, un projectile à plus longue portée pour faire face à l'invasion russe, mais elle commettait dans le même temps une effroyable bourde.

En annonçant son plan un brin trop tôt, l'administration Biden permettait ainsi aux troupes du Kremlin et de Vladimir Poutine de reculer un peu certains de leurs atouts les plus importants pour les mettre hors de portée de ces redoutables missiles, qui peuvent être lancés depuis des engins mobiles telles les M270 MLRS (Multiple Launch Rocket System) ou les fameux M142 HIMARS.

Cette gaffe, les États-Unis ne l'auront pas faite deux fois.

Une livraison secrète de missiles à longue portée

Washington a enfin réussi à débloquer son aide massive à l'Ukraine et préparé, avant même la ratification définitive du texte voté, un premier "package" d'une valeur de 1 milliard de dollars, comme détaillé par CNN.

"Cette semaine", répondait Joe Biden à la question du moment auquel les premières armes et munitions américaines débouleraient entre les mains des troupes ukrainiennes, ainsi que le rapporte Newsweek.

Le président américain, semble-t-il, mentait : selon le New York Times, une première livraison d'une nouvelle version de missiles ATACMS, la version du projectile dotée de la portée la plus longue que Kiev réclame à cor et à cri depuis des lustres, a été livrée à l'Ukraine lors de la semaine du 15 avril.

Joe Biden mentait, et le faisait sans doute à dessein. Car cette fois, l'opération a été menée dans le plus grand secret, afin d'éviter que Moscou et ses généraux ne puissent éloigner ce qu'ils pouvaient éloigner.

La question de la portée des armes fournies taraude l'administration Biden depuis longtemps, avec de lourdes hésitations quant à la portée des missiles fournis à l'Ukraine, de peur de provoquer l'ire, pourtant déjà incandescente, de Vladimir Poutine – en particulier en cas de frappe sur des cibles en territoire russe.

Washington, contrairement à l'Allemagne et ses Taurus, a pourtant fini par envoyer à Kiev des projectiles capables d'aller frapper des cibles russes loin derrière les lignes de front, et notamment des missiles ATACMS à sous-munitions, capables d'effrayants dégâts sur de grandes zones.

Une portée de 300 kilomètres, et une utilisation immédiate

Il restait pourtant une étape à franchir, une question autour de laquelle l'administration Biden tourne depuis des mois sans se décider : celle de la version capable de franchir les plus grandes distances, et de frapper des cibles au sol, avec une précision redoutable, à 300 kilomètres du point de lancement.

Ce sont précisément ces engins que Washington, dans la plus absolue des discrétions, a fini par transférer la semaine passée à Kiev. Qui en a fait un usage immédiat, et immédiatement ravageur. Nous rapportions ainsi le 18 avril que l'Ukraine avait très durement frappé la lointaine base aérienne russe de Dzhankoi (ou Djankoï), en Crimée occupée, détruisant des hélicoptères de combat et, surtout, de (très) coûteux et (très) précieux systèmes de défense antiaérienne S-400.

Nous ignorions alors que l'opération avait été menée avec ces ATACMS à peine reçus de la part des États-Unis – ce qu'explique l'article du New York Times en date du 24 avril, repris par The War Zone, qui ajoute de nombreux détails techniques aux révélations du quotidien américain.

Cette même première livraison de missiles aurait servi, à peu près au même moment, à frapper une concentration de troupes russes dans la région de Berdiansk, dans le sud-est de l'Ukraine, sans que le quotidien américain n'offre de plus amples détails à propos de l'attaque.

Il s'agissait de premières, mais certainement pas de dernières. Car selon le NYT, ces missiles font partie d'un package militaire de 300 millions de dollars décidé en mars par l'administration américaine, en dernier recours avant le déblocage, quelques semaines plus tard, des 61 milliards de dollars alloués à la défense de l'Ukraine.

Ce sont au total une centaine de ces missiles à très longue portée, extraits des stocks du Pentagone, que l'Amérique aurait finalement décidé de transférer à Kiev. Qui, si elle souffre encore au sol face à une Russie tentant de pousser son avantage avant les arrivées massives d'armes et de munitions, a donc déjà commencé à ragaillardir ses attaques contre des cibles en Crimée occupée.

"Ces frappes ont prouvé – une fois de plus – que l'Ukraine peut accomplir des victoires sur le champ de bataille si on lui fournit les bons outils", a réagi Roger Wicker, sénateur républicain du Mississippi, à ces frappes. "L'Ukraine peut désormais transformer en cible n'importe quel atout russe en Crimée, y compris des dépôts de munition ou de carburant critiques. Imaginez s'ils avaient eu ces missiles il y a deux ans." Mieux vaut tard que jamais ?

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