LAïCITé : NICOLE BELLOUBET DéMET ALAIN POLICAR APRèS SES PROPOS POLéMIQUES SUR LE VOILE

Son bras n’a pas tremblé. Nicole Belloubet, la ministre de l’Éducation nationale, a démis le 15 avril Alain Policar de ses fonctions de membre du Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République. Cette institution, créée par Jean-Michel Blanquer lors de son passage rue de Grenelle, est composée d’experts de tous horizons et a vocation à préciser la position de l’institution scolaire en matière de laïcité.

« J’envisage dans l’intérêt du Conseil des sages de mettre un terme de façon anticipée à votre mandat de membre de cette instance », a écrit Nicole Belloubet au politologue et sociologue dans un courrier que nous avons pu consulter. La ministre de l’Éducation nationale a informé le conseil de sa décision lors d’une réunion plénière qui s’est tenue lundi 22 avril.

Dans son discours aux sages, elle a indiqué qu’il quitterait le Conseil d’ici le 30 juin. « Je n’entrerai pas dans le détail de l’échange que nous avons eu avec Alain Policar, mais vous connaissez ma ligne : la loi du 15 mars 2004 constitue un socle indéboulonnable pour notre école », a ajouté l’ancienne ministre de la Justice.

Une polémique après des propos sur le port du voile

Installé au sein du Conseil des sages par Pap Ndiaye, il y a un an, l’universitaire Alain Policar a suscité la polémique le 5 avril après une émission de radio sur RFI où il s’exprimait sur le port du voile : « Le voile n’est pas le plus souvent un signe de prosélytisme ― les enquêtes sociologiques montrent qu’il s’agit même souvent d’un vecteur d’émancipation pour les jeunes filles par rapport à leurs milieux ― et le port du voile devrait donc être analysé chaque fois au cas par cas. »

Il ajoutait à propos de l’affaire du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, menacé de mort sur les réseaux sociaux après une altercation avec une étudiante à laquelle il avait demandé d’enlever son voile. « Cela illustre, me semble-t-il, les difficultés d’appliquer sereinement la loi qui (…) apparaît, à tort ou à raison, comme discriminatoire à l’égard des musulmans ». Interrogé par le journal L’Opinion sur sa destitution, Alain Policar, juge sa « liberté d’expression universitaire totalement brimée ».

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